p0ster #2

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Nagi Gianni – Once more, close your eyes

Pour p0ster, Nagi Gianni présente « Once more, close your eyes », une série d’images comme préambule à un projet sur la notion de fantasme. Il met en scène une créature en perpétuelle évolution qui n’existerait que dans son rapport à l’autre, au regardeur / voyeur et finalement peut-être à l’artiste lui-même. Ce personnage est imaginé et activé, construit et modifié dans un rapport de distanciation, dans un report de temps et d’espace qui est lié à la rencontre et à la projection de soi et de l’autre sur le web. *Je te vois sur un écran qui pourrait lâcher n’importe quand, s’éteindre, mourir. Toi tu es éternel­le je ne te perdrai jamais… J’aimerais te toucher, te filmer, être là, être ton regardeur, te sentir avec moi, respirer ensemble, respirer l’un par l’autre. L’esthétique et/ou la qualité de ces images sont celles de la webcam qui montre tout en occultant, qui permet de se dévoiler tout en contrôle, qui permet d’être voyeur tout en se laissant manipuler. Par le réseau, par l’écran, le code de représentation est ici clairement identifiable et le personnage, prenant la pose, insaisissable, ambiguë, emprunte à plusieurs registres de l’érotisme tout en contrecarrant les classifications, fantasme et fantaisie ne faisant plus qu’un. Il est apparition et disparition en même temps qu’il est rêve et réalité. La mise en scène de Nagi Gianni rejoue des compositions classiques de la peinture mais rafle et emporte au passage l’imagerie liée aux rencontres virtuelles allant du flirt au porno. A la fois séductrices et inquiétantes, ces images abîment le spectateurs et rappellent les limites tout comme les possibles de la relation virtuelle. Les obsessions, les catégories sont ici condensées, et parlent de l’absence. Cette chimère, cette efflorescence d’un corps, est une apparitions fugitive et non identifiable, renvoyant ainsi à la propre frustration du regardeur. *je regarde ton corps / caché / sublime / abstrait quel est ton visage ? Je te regarde et je tombe amoureux de ton corps fragmenté, je rêve de te voir en entier, de voir ton visage, tes yeux, ton cou, tes bras, ta poitrine, tes hanches, ton sexe, tes cuisses, tes jambes, tes pieds, de te voir enfin. Ce corps mis en scène par Nagi Gianni est à la fois séducteur et distancié, il attire mais fort de son ailleurs, il rejette, écarte, élude et évince. Cet inaccessible, est en même temps un champ d’imaginaire, de jeu et de parade suffisant ou non car peut-être *Je veux te voir dans un espace, un vrai espace, un espace dans lequel je puisse être aussi, avec toi. L’apesanteur du corps est en même temps l’absence de ces yeux, ce lieu où l’on ne peut mentir *Je veux que tu me regardes dans les yeux, des vrais yeux, des yeux sur lesquels je ne puisse pas poser mon doigt…

: there ? . y
: ready here . wanna show ?
: wanna see you . now you see me
: i mean for real . wanna show ?