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Ricci & Forte – Wunderkammer Soap #1 – DIDON

Face à Didon, j’observe son désespoir inscrit jusque dans sa chair, Didon est enfermé(e) dans une wunderkammer toxique comme une plante carnivore, à la fois prison et refuge. Didon s’observe, se scrute et se livre à mon regard-voyeur. Exhibitionnisme de téléréalité, Didon s’abandonne à nous et éprouve le désir d’être autre à soi-même pour se conformer à un amour impossible, nostalgique de ce qui n’est pas encore arrivé.

Cette wunderkammmer est le lieu de l’intime absolu et en même temps une vitrine des espérances de Didon, de son désir de transformation. Là où Lady Di et Lady Godiva ne font plus qu’un ? Dans la spirale du jeu des regards, Didon en pâture et en proie au désir de ressembler à quelqu’un d’autre, de ressembler à Nicole Kidman, cette reine triste.
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Envie

J’attends que tu t’écoutes
Que tu entendes les tourments de ce corps qui ne souhaite plus être lui-même
Ton corps, ton esprit, isolés,
Isolés de toi, aussi
A la frontière de la quiétude et de l’inquiétude
Tu cherches compagnie, asile de ton corps
Et ces êtres inventés t’entourent
Une litanie, dans laquelle tu amalgames tout ce que tu connais et ce que tu regardes avec concupiscence
Peut-être éprouves-tu “Le plaisir de s’être fait violer par ce regard” ? *
Figure désirante et désirée, tu t’épanches et te confies, tu me mets en garde, “tu te défends des coups de l’amour ? et tu me félicites de ne jamais livrer tout mon coeur à un autre” **
Tu me dis que “l’amour arrive toujours dans ton dos. Quand tu t’y attends le moins. Comme les assassins” **
Tu ranges tes sentiments dans un Happy meal et tu parles de sexe comme de bouffe
Didon triste et haineux(se) ; tu cherches à t’échapper entre désir et rejet

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Incarnation

Espère et façonne la matière de ton corps que tu vends, expulse le corps de ton autre, de ton avant, de ton rejeté
Déjà travesti dans un univers plastique et artificiel, tu souhaites te conformer, te lisser, te transformer, tu cherches à correspondre, et en même temps à t’effacer,
Tu traces les traits cicatrisants de ce corps. Ils sont plaies amères
Plus marqués encore, ce n’était pas assez. Et regarde le lointain en redessinant tes contours.
Vers celles et ceux que tu dois convaincre, exagère le trait
Deviens à toi-même et ce sera le présent que tu feras à ton avenir
Trouve le secret salvateur de toi-même
Tes muscles en tension, ta chair se déchire autour de ces lignes discontinues
Tu tentes de changer d’enveloppe pour plaire à l’autre
mais ton modèle est tronqué par celui que tu aimes malgré toi et ce dessin n’est plus que celui de ton désespoir

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Drame

Echoué, tu t’es échoué gisant sur le damier froid et humide
par un cloche-pied tragique et vain
Tout est là : sauf Toi !
T’en rends-tu compte ? Tu n’appartiens plus à rien
Tu n’as pas simplement travesti ton corps
mais ton réel amour aussi
Tout est dit : s’écorcher pour être lapidé?
Ton amour te nourrit et te nuit
Sirène, tu t’es abandonnée à ton propre sort, croyant être sauvé par ce double inéluctablement impossible
La Wunderkammer et toi, Didon, ne forment plus qu’un en une boucle infinie où la somme des émotions te permet d’assouvir ta frénésie de consommation en un monde irréel et kitsch
Travesti(e) tu échappes aux catégories mais ce Noeud gordien tu l’as transformé en anneau de mœbius
“Une mer de souvenirs s’en va dans le sommeil.
Et mer ils reviennent”**

Benoît Olive & Yann Perol

* Pier Paolo Pasolini, Théorème
** Ricci / Forte (traduction : Sophie Royère)