p0ster #3

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Dorothée Smith – Une âme en incandescence

V: toi je te regarde
L’un, double de l’autre, le connivent, le pendant, et en même temps
Nous allons perdre tous les deux, je te perdrai toi
en ayant vendu mon âme au diable
je t’observe, tu n’es pas là, c’est à ton absence que je fais face
ce spectre, fragment de toi et d’un moment fugace,
synonyme d’un impossible
tu n’es que traces de ta présence

V: désir
Ressurgit ce désir soucieux de t’exaucer
épanché, ton cou est une invitation timide à mon souffle court et incandescent
l’urgence de ta chair
tes paupières enferment ton regard ardent
cette lumière, c’est moi en toi

V: disparition
Tu n’es plus que chaleur, je deviens cendres, tu disparais, je me consume
par ton extase tu nous transportes hors de nous-mêmes
dans ce “Coeur Humain – / Seul Théâtre recensé / Que son
propriétaire ne peut fermer-” *
tu fais de moi le sacrifié, suspendu et en devenir, mais tu n’es qu’un souvenir une réminiscence et en même temps une apparition

Y: brumes
Dans mon incandescence, ma lumière, éblouissante, t’enveloppe de sa blancheur
ne plus rien voir alors tendre l’oreille vers le silence, celui
là-même qui nous incite à la patience, l’attente infinie de toi nourrit demain
je dépoussière le charbon de ta peau pour effacer ou rendre visible les hématomes d’un coeur qui frappe

V + Y: nous sommes Deux
Notre intimité se fragmente, nous voici donc deux corps flottants unis dans un hors-temps non sans laisser de traces
évanescents, nous nous sommes construits l’un pour l’autre en fantômes
miroirs d’ombres
alors que je me dissous en toi, que je m’évapore, pour ne jamais disparaître
c’est la “partie éthérée de ton âme que je veux” **
nous sommes histoires, histoires pour nous hanter l’un l’autre, contaminés et contaminants

Y: hanter les autres
Dans mon extase je te brûle, mais “j’ose voir une âme en
incandescence”
et suffocant, je garde ta trace sans ébruiter ton ombre
“L’A-Jamais est composé de Maintenants” * que nous invoquons pour rêver ou pour hanter
nous étions déjà des intranquilles, nous sommes hantise l’un pour l’autre – l’un et l’autre
nous voici devenu une multitude – autres à nous-mêmes et enfin apaisés

Benoît Olive & Yann Perol

* Emily Dickinson
** George Sand

Le travail transdisciplinaire plastique et théorique de Dorothée Smith, s’appréhende comme une observation des (dé)constructions, délocalisations et mues de l’identité. La photographie y côtoie le cinéma, la vidéo et l’utilisation des nouvelles technologies. Ses travaux furent présentés sous la forme d’expositions personnelles et de projections aux Rencontres Internationales de la Photographie d’Arles, à la galerie les Filles du Calvaire à Paris, au Musée National de la Photographie d’Helsinki en Finlande, au Centre Pompidou à Paris (Hors Pistes), ainsi que dans de nombreux pays d’Europe, d’Asie et aux USA. Sa première monographie, préfacée par Dominique Baqué est publiée aux éditions Filigranes. Son premier film, « Spectrographies », sortira à l’été 2015. Son travail est représenté par la galerie les Filles du Calvaire (Paris).

http://www.dorotheesmith.net/

http://guiltybyassociation.fr/

http://www.fillesducalvaire.com/