p0ster #11

p0ster #11

Melissa Steckbauer – K&S

K : Une femme mûre
S : Une plus jeune
L’hôte : Le voyeur -inspirateur

Deux femmes en un protocole non défini de contraintes de corps. L’hôte,
indiscret, est présent-inspirant. Géométrie des sens et des gestes, l’en
dehors est capture de ses yeux sur elles. Ces trois âmes dans un hors
temps continu ; presque nulle-part.

L’hôte. – Je vous scrute attentivement / soucieusement par mon regard-
scalpel, je vois à travers vous et nous devenons les deux pôles de votre
passion fantasmée. Je veux, par vos gestes que je sollicite et active, mettre
mon âme à nu.
Entre sagesse et folie, je vous livre à d’autres regards à venir.
K. – Laisse-toi faire ; je connais ô combien les contours de ton corps ; tu ne
peux parler ni crier je le ferai pour toi! Tandis que tu t’abandonnes à moi,
tu deviens la figure de l’extase de nous deux ; nous devenons l’incarnation
commune du désir de notre hôte, soumises à ses lames de tarot.
S. – En pensée je me soumets à toi mais nous tramons sous ces feux une
incantation physique, un ensorcellement de nous et de l’hôte ; mon souffle
t’indiquera jusqu’où il faut aller. Vous verrez, bien assez tôt, la couleur de
mes yeux avant mon évanouissement. Mes yeux au bord de l’asphyxie.
L’angoisse assurée de me gestes dépossédés.

Poignets serrés tel un garrot.. pulsations décadentes sous son pouls.
Douces suffocations
Mouvements contraints devenus jeu. Pour elle et sous le regard voyeur-
inspirateur; Des aiguilles-pigments saillant de son enveloppe encore
innocente.

L’hôte. – La lumière chaude recouvre tes hanches ; la victime est opulente,
le bourreau est pudeur. Mécanisme non réfléchi, exécuté sous mes
souhaits. C’est un long voyage aux empreintes initiatiques qui t’attend.
S. -Mes tourments sont vos vanités sous ces déchirements éprouvés. Vous,
complices de mon abandon. La fatalité submerge nos trois corps, à
l’unisson, nous ne sommes plus qu’un seul halètement, un murmure.
Je suis à bout, au bout, l’ultime, le réceptacle enfin des projections de
l’autre. Essoufflée.
K. – Parade des corps ; les moments sont libérés et instantanés.
Muses devenues égéries de nous-mêmes, affranchies de notre hôte et de
ses yeux sur nous. Énergies désenfouies pour attiser le monde.

Apparaît alors la vérité du jeu trouble entre réel et fiction – désir toujours,
mais là, celui du dépassement de soi et de l’autre ; l’étreinte du noyé. Sans
dénouement, l’enchantement et le sort, se sont retournés contre
l’ensorceleur. Le trio n’est plus qu’un dans l’attente des fantasmes de futurs
complices.

Texte / Benoît Olive & Yann Pérol